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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 03:02

(je ressors quelques textes de derrière les faggots, tous écrits au moment du Royal Wedding. C'est pas la saga de l'été mais ça y ressemble. J'ai trop tendance à attendre que l'actualité m'offre des sujets sur un plateau, en ce moment c'est la grosse panne d'inspiration. Donc: des textes où il serra question d'un peu de tout ce qui nous intéresse: bite, chatte, couille et nationalisme, sous la forme d'un reportage, ou bien...).

 


 

Lundi, Avril 2011, J-6

 

 

 

            Flash. Lights on. La couette m’étouffe. Je me réveille avec les yeux supra collés et dégueulasses. J’ai dormi avec mes lentilles. Fuck. L’autre dort à coté de moi, écrasé, content, son bubble butt transperce les draps comme une grosse pomme au caramel, je passe ma main sur mon front, je transpire, je suis VIDÉ, je n’ai pas mangé hier soir avant de me mettre la race, risque de tomber dans les pommes d’une minute à l’autre. J’attends un peu, j’essaie de me rendormir, finalement je lui claque le cul : « I need food ! » Délicatesse. « Don’t you mind if i look in your kitchen ? » Respect. Il me grogne un truc mais je comprends « biscuits » : okay, GO. J’enfile mon jogging : je n’ai pas envie de tomber nez à bite avec son coloc, celui que j’ai entendu fredonner Doris Day quelques minutes plus tôt (angoisse). J’avance sur la pointe des pieds : le rat ne veut pas se faire remarquer.

 

 

Sublime appart de jeunes londoniens, bien installés dans leur vie, à l’aise, comme dans une paire de convers ; diplôme de design graphique encadré au mur, c’est grosso modo la seule déco. Des livres d’art bien chers sont posés en évidence sur la table du salon, les robinets sont tous très neufs : l’immeuble, situé en plein milieu du palpitant district de Dalston, n’a pas plus de deux ans. J’ouvre le placard de la cuisine, il y a une botte d’asperges, je trouve ça relativement bon signe. J’attrape les biscuits, mon cœur s’emballe : des pepitos Tesco épais comme des palais bretons, un bonheur, je me pose sur le balcon pour savourer  mon breakfast de racoon.

 

 

 

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London : on est au 8ème étage, les chantiers innombrables donnent au paysage une couleur cramée, changeante, un peu sale. Je like mentalement. C’est bientôt les JO, on reconfigure l’espace, on nique tout et on refait. Je remarque des fanions aux couleurs du Royaume-Uni suspendus à la rambarde. Je fais des miettes,  je suis dingue. Bubble-Butt passe la tête par la fenêtre, me fait coucou : l’enculé, il a sa chambre qui donne sur le balcon !! Je rêve. Le vent souffle comme à la plage, je me sens connecté à tout, #ozone+carbone+princesse+écureuil+…  Je rentre à l’abri, je me recouche, je lui touche les couilles. Il me raconte des trucs.

           

 

Il me raconte

Que la reine est comme sa mère. Qu’il en crèverait de tristesse si elle mourrait. Je lui demande si la reine est un « truc de gays », il me répond qu’en effet, il est de notoriété publique que la team officiant à Buckingham est une belle brochette de faggots. Il me raconte une blague populaire à ce propos, je lui fais répéter 15 fois sans rien y comprendre, j’ai peur d’être chiant alors j’arrête. Ensuite il ajoute : attention, c'est pas qu’un truc de pédés. Une chose fédératrice : pour les anglais. Anglais : ce qui n’est pas écossais, gallois, irlandais. Ils n’ont jamais eu à se définir. Ils en ont besoin aujourd’hui. Why ? Je spécule sur l’Europe, mais sans plus. Si je suis la logique de bubble butt, le Royal Wedding serait un peu comme les concours de lancé de troncs d’arbre, et la reine mère comme le lepreuchaun chercheur d’or. Ce qui tombe sous le sens. Elle est plus qu’une reine, elle est Footix : une mascotte avec des ventouses au bout des pattes, un mug, un cupcake, un jeu de société, une image, un corps sans corps qui contiendraient tous les corps (les rosebeefs). « In many ways national symbols, customs and ceremonies are the most potent and durable aspects of nationalism. They embody its basic concepts, making them visible and distinct for every member, communicating the tenents of an abstract ideology in palpable, concrete terms that evoke instant emotional responses from all strata of the community. »[1]

 

 

Il me dit qu’il déteste son boulot, qu’il travaille comme un chien, que c’est pour ça que les gens boivent autant en Angleterre, parce qu’ils n’en peuvent plus. Discours que j’entends souvent et que j’entendrai encore. Les anglais que je rencontre rêvent encore à la France, ils se l’imaginent facile et douce, un apéro en terrasse qui ne prendrait jamais fin.

Il ajoute que le mariage de Kate et William, il l’avait attendu toute sa vie. Petit frisson au cul en entendant ça. Le frisson du total respect poli.

« So excited…so excited… » il répète ça en feuilletant le Guardian, frémissant à chaque photo d’Elizabeth avec la ferveur d’un enfant, quelque chose qui m’échappe plus que tout, qui m’amuse tout en me foutant gentiment les boules. C’est un paradoxe anglais qui me saute à la gorge. Je me dis que toute cette énergie dépensée, en joie, en passion, en perruques rouge et bleue, doit forcément prendre sa source dans un désespoir monumental : celui d’un peuple propulsé vers un nouveau palier de précarité humaine, pliant sous les assauts de réformes catastrophiques dont le terme d’« austérité » parvient difficilement à saisir l’ampleur. J’ai le sentiment que le jour du mariage agira comme une soupape, le pays va exploser. Sur lui-même. Une fête. J'ai appri à ne pas en vouloir au nationalisme. Pas à tous les coups. Je peux y voir une belle reconquête comme la pire des menaces: c'est encore (toujours) une question de contexte. Celui de l'angleterre des années 2000 est proprement à chier. Et l'Europe. Et la France. Des murs. Un contexte où l'adoration d'ex-voto tricolores et de reliques patriotiques de fin de braderie ne pourra que nous emmener loin, dans la nuit de la politique. « I love your big balls », je les lui touche une dernière fois, on s’habille, on mange ensemble, je me casse.

 

 

 

 

« To the common folk she is Mother, saint and villain alike are united in their love for her. If she laughs, the Realm rejoices ; if she weeps, the Nation mourns ; if she has a need a thousand would volunteer to satisfy it ; if she is angry there would be scores to take vengeance on the subject anger. »[2]

 

Gloriana or The Unfulfill’d Queen, Michael Moorcock

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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(à suivre)

[1] National Identity, Anthony D. Smith, 1991 (traduction soon)

[2] " Pour l’homme du peuple, elle est la Mère ; le saint et le brigand se retrouvent égaux et semblabes dans l’amour qu’ils lui portent. Si elle s’esclaffe, le Royaume se réjouit ; si elle sanglotte, la Nation s’effondre en larmes ; si elle éprouve un besoin, des centaines viendront se porter volontaire pour la satisfaire ; si elle est en colère, c’est par milliers qu’ils iront venger sa fureur. »

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